Appel à une manifestation dans le cadre de la journée mondiale pour Hasankeyf:
Vendredi 7 juin 2019, 15h
Devant le siège de l’Unesco à Paris (7 place de Fontenoy, Paris 7)
Le gouvernement turc a annoncé qu’il commencerait à remplir le barrage controversé d’Ilisu sur le Tigre, au Kurdistan de Turquie, le 10 juin 2019. Cela entraînerait l’inondation de la ville de 12 000 ans, Hasankeyf, de 199 villages, et de la vallée du Tigre sur une longueur de 136 km. Jusqu’à 100.000 personnes perdraient leurs moyens de subsistance. Seuls le gouvernement turc, certains grands propriétaires fonciers et quelques entreprises privées bénéficieraient de ce barrage.
Le site du projet Ilisu se trouve dans une zone de conflit militaire intense entre l’armée turque et la guérilla kurde. La réalisation du projet ne ferait qu’intensifier ce conflit. En outre, le déplacement de dizaines de milliers de personnes renforcerait la politique d’assimilation de l’État à l’encontre de la population kurde.
Le barrage entraînerait des conséquences sociales, culturelles et écologiques catastrophiques pour les régions situées en aval du Tigre, en Irak. Il mettrait en péril l’approvisionnement en eau des principales villes irakiennes telles que Bagdad et Mossoul, et l’agriculture irakienne serait sérieusement menacée. En particulier, le site des marais mésopotamiens dans le sud de l’Irak, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, serait menacé d’assèchement en raison de la réduction des débits en aval. La situation est aggravée par la crise climatique croissante, caractérisée par une diminution des précipitations et de la neige au cours des 20 dernières années.
Hasankeyf est assise sur un riche patrimoine culturel qui reste à découvrir – un musée naturel à ciel ouvert, unique en son genre, qui a abrité un peuplement humain ininterrompu ancré dans la vallée du Tigre, avec les traces de 20 cultures qui ont tissé son histoire. Les experts estiment que Hasankeyf est la jumelle de Göbeklitepe, l’un des plus anciens sites d’établissement humain, dont la découverte a permis une nouvelle compréhension de l’histoire humaine. Bien que Hasankeyf et la vallée du Tigre environnante satisfassent à neuf des dix critères de l’UNESCO (un seul devrait suffire), les organisations internationales telles que l’UNESCO restent silencieuses. L’inondation de Hasankeyf et de 400 autres sites archéologiques non excavés constituerait un génocide culturel !
Suite à des manifestations de grande ampleur menées en 2009, l’Europe a supprimé ses garanties de crédit à l’exportation. Mais le projet continue aujourd’hui de bénéficier d’une participation internationale. Les sociétés autrichienne Andritz et néerlandaise Bresser devraient tirer parti de cette dévastation écologique et culturelle, de même que la banque espagnole BBVA, propriétaire d’une des banques turques qui finance le barrage.
Bien que le projet soit presque achevé, personne n’a encore été déplacé. Il reste encore une chance d’éviter le désastre. Au cours des dernières décennies, de nombreux grands projets de construction ont été abandonnés.
Le gouvernement turc doit annuler le projet Ilisu. Une nouvelle discussion participative et transparente sur l’avenir de la région touchée doit avoir lieu, avec toutes les personnes concernées, les municipalités et les ONG. On peut trouver une alternative au barrage qui sera bénéfique à la région, socialement, culturellement et économiquement.
Hasankeyf est notre culture et le Tigre notre nature !
Sauvez Hasankeyf, le Tigre et la Mésopotamie !
Hasankeyf devrait être classée au patrimoine mondial de l’Unesco !
Pour plus d’informations:
www.hasankeyfgirisimi.net
Twitter: @hasankeyfdicle
Initiative pour sauver Hasankeyf, Mouvement écologique de Mésopotamie, Mouvement des étudiants kurdes en France (UEKF), Conseil démocratique kurde en France (CDKF), Fondation Danielle Mitterrand