Le 7 novembre 2018, la Députée kurde du HDP Leyla Güven a entamé une grève de la faim dans la prison de Diyarbakir pour exiger la levée de l’isolement carcéral imposé au leader kurde Abdullah Ocalan sur l’île-prison d’Imrali.
Par la suite, des centaines de prisonniers politiques ont rejoint le mouvement qu’elle a ainsi initié. Le mouvement s’est également étendu en dehors des prisons : à Erbil, à Strasbourg, au Pays de Galles et dans d’autres régions à travers le monde, des dizaines de militants kurdes ont à leur tour rejoint le mouvement pour porter plus haut le cri de Leyla Güven et des autres prisonniers politiques.
A partir du 1er mars 2019, l’action a pris une ampleur sans précédent avec l’entrée en grève de la faim de l’ensemble des prisonniers politiques kurdes, soit plus de 7000 personnes.
Le 16 mars 2019, un prisonnier politique du nom de Zülküf Gezen, en grève de la faim depuis le 1er mars, a mis fin à ses jours en se pendant, dans la prison de Tekirdag. Condamné à la perpétuité, il était détenu depuis plus de 12 ans.
Le CDK-F a communiqué à plusieurs reprises sur l’ampleur du mouvement de grève de la faim et fait part de ses préoccupations grandissantes eu égard à la voie irréversible prise par les grévistes. Le gouvernement français, les institutions européennes, en particulier le Comité pour la Prévention de la Torture (CPT) ont été informés des conséquences dramatiques qui pourraient résulter de ce mouvement.
Le mutisme et l’inaction des gouvernements et institutions européennes face à la montée du fascisme en Turquie conduisent des prisonniers politiques à mettre fin à leur vie pour briser le silence et l’isolement.
On a pu voir, encore hier, le visage hideux de la Turquie d’Erdogan : alors que Zülküf Gezen devait être enterré ce matin à Diyarbakir, son corps a été dérobé hier soir par la police turque dans la morgue de l’aéroport d’Istanbul pour être emmené à Diyarbakir où il a été enseveli au cours de la nuit, dans un cimetière totalement encerclé par la police, en présence de seulement quelques membres de la famille. Les élus du HDP et les nombreux habitants qui se sont rendus sur place ont été violemment repoussés par les forces de sécurité.
Suite à l’action de Zülküf Gezen, des dizaines de jeunes détenus ont fait savoir qu’ils étaient prêts à suivre son exemple.
Ainsi, nous appelons l’Europe et tout particulièrement le gouvernement français à rompre le silence meurtrier et agir pour empêcher d’autres drames parmi les grévistes de la faim.
Nous exigeons par ailleurs du Conseil de l’Europe et du CPT qu’ils accomplissent, enfin, leurs missions en agissant auprès de la Turquie afin de mettre un terme au régime d’isolement que le régime d’Erdogan, encouragé par le silence des institutions européennes, fait subir depuis des années à M. Abdullah Öcalan. Il en va de la vie des milliers de personnes qui sont aujourd’hui en grève de la faim.