Déclaration et décisions de la Conférence de Lausanne 

A l'occasion du 100ème anniversaire du Traité de Lausanne, les Kurdes et les autres peuples du Kurdistan ont participé à la Conférence de Lausanne. Le processus du sinistre traité de Lausanne a été discuté en détail. Il y a 100 ans, les dirigeants de l'État turc et de certains États européens (la Grande-Bretagne, la France, l'Italie, la Grèce, la Roumanie, la Bulgarie, le Portugal, la Belgique, la Serbie, la Croatie et la Slovénie, les pays qui sont devenus plus tard la Yougoslavie) et le Japon (tous les États du monde occidental) se sont assis autour d'une table et ont décidé du sort du Kurdistan.

Le Kurdistan rejette le Traité de Lausanne !

A l’occasion du 100ème anniversaire du Traité de Lausanne, les Kurdes et les autres peuples du Kurdistan ont participé à la Conférence de Lausanne.

Le processus du sinistre traité de Lausanne a été discuté en détail.

Il y a 100 ans, les dirigeants de l’État turc et de certains États européens (la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, la Grèce, la Roumanie, la Bulgarie, le Portugal, la Belgique, la Serbie, la Croatie et la Slovénie, les pays qui sont devenus plus tard la Yougoslavie) et le Japon (tous les États du monde occidental) se sont assis autour d’une table et ont décidé du sort du Kurdistan. 

Dans le processus de formation de ce traité sinistre, qui est une tache noire sur l’histoire et confirme la négation de notre nation, les Kurdes n’ont pas été vus, ils n’ont pas été évoqués, ils n’ont pas été écoutés, et les Kurdes n’ont pas eu l’occasion d’exprimer leurs souhaits, d’élire leurs représentants et de devenir partie au traité.

Face à cette réalité, dès le début, nous, les Kurdes et les autres peuples du Kurdistan, rejetons le traité de Lausanne, le reconnaissons comme illégitime et nul et non avenu !.

Bien que 100 ans se soient écoulés depuis l’adoption du traité de Lausanne, ses conséquences destructrices pour les peuples du Kurdistan sont encore fraîches et douloureuses. Cela fait exactement 100 ans que le Kurdistan souffre… Cela fait également exactement 100 ans que notre peuple mène une lutte historique très difficile contre le colonialisme et cette fragmentation. Dans chaque partie du Kurdistan, qui a été divisé par le traité de Lausanne, une lutte de libération nationale a été menée et l’est encore. Cette lutte a entraîné le martyre de centaines de milliers de nos fils et de nos filles, que nous commémorons avec respect et à qui nous confirmons notre loyauté. De même, dans notre lutte historique de libération nationale, des dizaines de dirigeants pionniers ont été massacrés et capturés. Tout en commémorant les dirigeants assassinés, nous soutenons la lutte pour la libération des dirigeants capturés, en particulier Abdullah Öcalan.  

Bien que les grandes souffrances aient commencé avec le premier traité de division, le traité de Kasr-ı Shirin, signé entre l’Iran et les Ottomans, elles ont été intensifiées par le traité de Lausanne. L’État iranien a implicitement soutenu l’État turc dans le re-découpage du Kurdistan, bien qu’il ne l’ait pas fait explicitement dans le processus du traité de Lausanne.

L’État turc, à son tour, par tous les moyens immoraux et inadmissibles, a créé le processus du traité de Lausanne et a atteint son objectif raciste inhumain.

Les États signataires du monde occidental ont ensemble victimisé les Kurdes et tous les peuples du Kurdistan et ont divisé le territoire du Kurdistan sur la carte ottomane en trois parties et en ont fait cadeau aux Turcs et aux Arabes.

Nous, les Kurdes et les peuples du Kurdistan, à l’occasion du 100e anniversaire de ce traité injuste et dénégateur, condamnons fermement l’État de Turquie et les autres États européens et le Japon qui sont parties à ce traité.

L’injustice faite à tous les peuples du Kurdistan continue aujourd’hui sous d’autres formes et malheureusement la politique de génocide est toujours soutenue par les pays signataires. 

À l’occasion du 100e anniversaire du traité de Lausanne, l’État turc poursuit une politique Lausanniste et occupe les parties du Kurdistan qui se trouvent à l’intérieur des frontières officielles de l’Irak et de la Syrie, section par section, et fragmente à nouveau le Kurdistan en son sein. Au Kurdistan du Nord, il utilise tous les moyens et toutes les méthodes pour perturber la structure démographique et veut effacer le Kurdistan de la carte du Moyen-Orient et même de la carte du monde. Aujourd’hui, l’État turc, avec ses politiques lausannoises et sa violence militaire, veut expulser les Kurdes et tous les autres peuples du Kurdistan de leurs terres et liquider le Kurdistan à la fois politiquement et physiquement.

À l’occasion du 100e anniversaire du traité de Lausanne, les États signataires du monde occidental sont confrontés à un test moral et de conscience. Ils doivent prendre position contre les nouvelles politiques lausannistes de l’État turc et se racheter devant l’histoire et dans le cœur des Kurdes et de tous les peuples du Kurdistan. 

Dans ce contexte, nous, les Kurdes et les peuples du Kurdistan, espérons et désirons que les Etats signataires du monde occidental annulent leurs signatures, le déclarent ouvertement et soutiennent le Kurdistan et sa juste lutte dans les circonstances actuelles.

Dans ce cadre, nous, les participants à la Conférence du Kurdistan à Lausanne, aimerions partager ces désirs et ces souhaits avec le public au nom de tous les peuples du Kurdistan.

Aujourd’hui, à l’occasion du 100e anniversaire du traité de Lausanne, nous, les Kurdes et tous les peuples du Kurdistan, sommes ici à Lausanne et nous rejetons fermement, ne reconnaissons pas et n’acceptons pas le traité de Lausanne !

Nous n’acceptons pas le démembrement du Kurdistan de quelque manière que ce soit et nous considérons les politiques de démembrement comme un grand crime contre l’humanité.

Quel que soit l’État qui a participé à cette désintégration, nous ne lui pardonnons pas en conscience et en morale.

Les Kurdes, comme tous les peuples, ont le droit à l’autodétermination. Malheureusement, ce droit légitime du peuple kurde n’a été reconnu ni hier, ni aujourd’hui. C’est avec cette mentalité que le traité de Lausanne a été imposé au peuple kurde et aux autres peuples du Kurdistan.

Malgré ce fait, dans la realpolitik du monde d’aujourd’hui, nous, les Kurdes et les autres peuples du Kurdistan, voudrions insister sur ce point ;

1. Le traité de Lausanne doit être annulé dans son intégralité dans un délai raisonnable.
2. Jusqu’à ce que le traité de Lausanne soit annulé :
A. Les parties du Kurdistan qui restent à l’intérieur des frontières des États de Turquie et de Syrie doivent être officiellement appelées Kurdistan et leur statut autodéterminé au sein de la Turquie et de la Syrie doit être reconnu.

B. La partie du Kurdistan qui reste à l’intérieur des frontières de la République fédérale d’Irak doit également être officiellement reconnue comme Kurdistan et reconnue comme telle, et les territoires qui ont été séparés des frontières du Kurdistan doivent être réunis au Kurdistan.

C. La partie orientale du Kurdistan est occupée par l’Iran depuis le traité de Kasr-i Shirin. Bien que l’Iran ne soit pas officiellement partie au traité de Lausanne, il a toujours soutenu le démembrement du Kurdistan et, dans cette position, a agi de facto comme une partie au traité de Lausanne. Par conséquent, l’État iranien doit reconnaître et mettre en œuvre le droit du peuple du Kurdistan oriental à l’autodétermination en tant que statut.

D. Ce statut d’autonomie du Kurdistan doit être reconnu au niveau international et représenté au sein du système des Nations unies.

3. Les États parties au traité de Lausanne doivent verser des indemnités pour compenser les griefs des peuples du Kurdistan. Un haut-commissariat devrait être créé au sein du système des Nations unies pour cette compensation.
4. Les Nations unies, l’Union européenne, les États-Unis et la communauté démocratique et humanitaire mondiale devraient faire pression sur l’État turc pour qu’il accorde une amnistie politique générale et qu’il mette pleinement en œuvre les dispositions du traité de Lausanne, qui sont relativement favorables aux Kurdes et aux minorités non musulmanes.
5. En tant que partie intégrante de la nation kurde, les Yazidis, qui se considèrent comme les Kurdes les plus anciens et qui sont des Kurdes non musulmans, devraient être reconnus comme des “minorités non musulmanes” et les droits accordés aux Arméniens et aux Assyriens-Chaldéens devraient également être accordés et appliqués aux Kurdes Yazidis.
6. Une commission internationale devrait être créée sous les auspices des Nations Unies, comprenant des représentants du peuple kurde, et cette commission devrait établir un dialogue avec les Etats parties au Traité de Lausanne, et un dialogue et des moyens pacifiques devraient être trouvés et mis en œuvre dans la pratique pour une solution conjoncturelle.
7. Pour atteindre tous ces objectifs, le peuple kurde et tous les peuples du Kurdistan doivent former une unité politique au plus haut niveau et les faiblesses et les déviations qui se développent en interne doivent être surmontées. L’étau que les ennemis ont placé autour du cou du peuple kurde ne peut être brisé que par l’établissement d’une grande unité nationale. À l’occasion du centième anniversaire du sinistre et négationniste traité de Lausanne, cette grande conférence des Kurdes et de tous les Kurdistanais appelle haut et fort l’avant-garde et la direction des Kurdes et des autres Kurdistanais à remplir leurs devoirs nationaux et territoriaux sans aucune excuse, à former la grande alliance du Kurdistan et à convoquer une conférence nationale kurditan à cette fin.
8. Une commission de coordination sera créée pour répondre à ces demandes.
9. Une commission d’experts sera créée et autorisée à créer une diplomatie commune du Kurdistan.

La Conférence de Lausanne a pris ces décisions d’une seule voix et d’un seul cœur

1. Un comité ou une commission d’experts sera mis en place pour suivre les décisions de la conférence et veiller à leur mise en œuvre concrète.
2. Des relations diplomatiques seront établies avec les États parties au traité de Lausanne, autres que la République de Turquie, et les injustices historiques commises à l’égard des Kurdes et des autres peuples du Kurdistan seront mentionnées et un soutien sera recherché auprès d’eux pour qu’elles soient réparées.
3. Un travail actif sera effectué en vue d’un traité international alternatif.
4. L’État turc est vivement encouragé à tenir ses promesses à l’égard des minorités non musulmanes, dans leur intégralité et sans discrimination.
5. En tant que membres de la nation kurde, les Yazidis, qui sont reconnus comme les Kurdes les plus anciens et qui sont des Kurdes non musulmans, devraient être reconnus comme des “minorités non musulmanes” et les droits accordés aux Arméniens et aux Assyriens- Chaldéens devraient être reconnus et appliqués aux Kurdes Yazidis. 
6. Le gouvernement régional du Kurdistan et les dirigeants du Kurdistan occidental sont invités à créer un bureau chargé d’étudier le traité de Lausanne, ses conséquences et le redressement des griefs.
7. L’Union nationale et territoriale du Kurdistan sera créée en tant qu’organe consultatif, d’orientation et d’alerte avec la participation de toutes les dynamiques.
8. Les dirigeants politiques du Kurdistan du Sud et du Kurdistan de l’Ouest sont invités à supprimer toutes les barrières entre eux et à établir des relations politiques, économiques, sociales et culturelles de haut niveau entre eux.
9. La création d’une organisation commune pour la conduite conjointe de la diplomatie du Kurdistan sur la scène internationale.
10. L’Etat turc est invité à libérer tous les otages, prisonniers et détenus politiques, en particulier le leader du KCK, M. Abdullah Öcalan. 
11. Les gouvernements turc, iranien et syrien sont invités à dialoguer avec les représentants du Kurdistan afin d’élaborer des solutions démocratiques et de reconnaître les droits légitimes du Kurdistan.
12. Le gouvernement de Bagdad est invité à respecter les droits de la région du Kurdistan garantis par la Constitution fédérale irakienne et à rattacher à la région du Kurdistan les zones qui en ont été séparées.
13. Le gouvernement de Bagdad est prié de reconnaître Shingal comme une région yazidie autonome.
14. Les Nations unies sont invitées à déployer une force de maintien de la paix entre le Kurdistan occidental et la Turquie.
15. Les Nations unies sont invitées à ouvrir un bureau pour représenter le Kurdistan.

Conférence de Lausanne sur le Kurdistan
24.07.2023 – Lausanne

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