Voilà longtemps que les Kurdes, pionniers de la lutte contre Daesh en Syrie et en Irak, sont régulièrement confrontés en France à des actes de répression et d’intimidation.
Le Ministère des Affaires étrangères et la DGSI ont mis en oeuvre une stratégie très finement conçue afin d’incriminer les Kurdes et d’étouffer leur image grandissante.
Cette politique pratiquée de longue date à l’encontre du mouvement kurde dénote aujourd’hui une approche contradictoire qui discrédite la France. Contredisant l’engagement de la France aux côtés des Kurdes, en Syrie et en Irak, particulièrement depuis 2013, la DGSI et le Quai d’Orsay soumettent les Kurdes de France à des poursuites judiciaires et des mesures administratives révoltantes.
C’est encore cette politique anti-kurde qui a permis aux Services de Renseignements turcs (MIT) d’assassiner trois militantes kurdes, à Paris, le 9 janvier 2013. Il est important de préciser que l’ingérence récemment évoquée par M. Macron à propos de la Turquie est allée en s’amplifiant après ces assassinats.
Au cours des derniers mois, la DGSI a convoqué une dizaine de kurdes, soit dans le cadre de leur demande de naturalisation, soit sans aucun motif, afin de les intimider et de les contraindre à travailler pour eux en tant qu’informateurs.
Ce mardi 18 février, 8 Kurdes ont été placés en garde à vue en Nouvelle-Aquitaine. Dans le cadre de cette même procédure, le Centre démocratique du Kurdistan de Bordeaux qui fait partie de notre réseau d’associations, a été perquisitionné. 4 des personnes arrêtées ont été mises en examen, sans aucun fondement, pour « financement d’une organisation terroriste », accusation classique portée systématiquement contre les militants politiques kurdes en France depuis plus de 10 ans. L’une de ces personnes se trouve aujourd’hui en détention provisoire.
Dernier événement en date, des représentants du CDK-F se sont vu notifier, samedi 22 février, la prolongation d’une mesure administrative de gel des avoirs prise le 12 juin 2019. Les faits qui leur sont reprochés sont d’avoir organisé des manifestations déclarées, d’avoir organisé ou participé en 2018 à la session du Tribunal Permanent des Peuples sur la Turquie et les Kurdes, d’avoir assisté à des réunions publiques, ou encore de rencontrer des élus de la République.
Tandis qu’elle mène à l’extérieur une coopération très étroite et stratégique avec les Kurdes, la France persiste à l’intérieur dans une politique anti-kurde afin de conclure des contrats économiques avec la Turquie. Cela ne peut que desservir l’image de l’Etat français et nuire à ses intérêts.
A cet égard, nous tenons à rappeler les accords Sykes-Picot par lesquels la France a joué un rôle historique dans la division du Kurdistan. Rappelons encore que les assassinats des militantes kurdes ont été commis à un moment où la répression menée à l’encontre des Kurdes par le Quai d’Orsay était à son apogée. Et soulignons à nouveau le rôle crucial joué par les Kurdes dans la lutte contre Daesh, au prix de la vie de 11 000 de leurs combattants, cela afin de préserver la stabilité du Moyen-Orient et de l’Europe.
Nous demandons ainsi au Président Emmanuel Macron, ainsi qu’aux élus de la République d’engager une discussion sur la question kurde dans son ensemble, afin d’y apporter une réponse concrète et stratégique et, ainsi, mettre fin à la politique anti-kurde du Quai d’Orsay.
Nous appelons également les organisations de la société civile, les syndicats, les partis politiques et toutes les personnes attachées à la justice et à la liberté, à se tenir aux côtés du CDK-F contre cette politique du Quai d’Orsay.