Depuis une semaine, pas un jour ne passe sans que Erdogan ne lance un ultimatum aux USA en annonçant le déclenchement d’une opération militaire contre l’Administration Autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES, Rojava). Ces menaces ont pris un tour plus inquiétant dans la nuit du dimanche 06 octobre au lundi 07, avec l’annonce par les USA du retrait de leurs troupes de la zone prévue par la Turquie pour lancer ses opérations, autour de la ville de Girê Spî (Tel Abyad). Les USA ont aussi annoncé qu’ils n’interviendraient pas dans le conflit qui viendrait à se produire, ce qui revient à valider les plans d’invasion de la Turquie. Non pas que nous soutenions l’interventions des états impérialistes dans les guerres au Moyen Orient, mais soyons réalistes : face à la deuxième armée de l’OTAN, le courage des Forces Démocratiques Syriennes ne suffit pas. La tragédie de la région d’Afrin nous l’a déjà montré.
Nous ne pouvons rester sans réagir face à la menace qui pèse sur le projet de société démocratique, multiethnique et multiculturel, dont l’émancipation des femmes est un pilier, qui est en cours d’implémentation depuis 2013 dans les zones sous contrôle de l’AANES, alors que le reste du pays a été ravagé par la dictature du régime Assad aussi bien que par les divers groupes islamistes radicaux ayant anéantis l’opposition démocratique syrienne. Mis à mal en Turquie lors des dernières élections municipales, Erdogan et l’AKP veulent éradiquer le projet d’autonomie au nord de la Syrie, qui leur est insupportable à eux qui ne reconnaissent par les droits fondamentaux du peuple kurde ni des autres minorités en Turquie, et dont les valeurs conservatrices et anti-démocratiques sont à l’opposé de celles portées par l’AANES au Rojava. Erdogan a déjà annoncé ses plans de nettoyage ethnique pour les zones que l’armée turque envahirait. Il compte y reloger les réfugiés syriens de Turquie afin de redorer son blason auprès de sa population, qui demande le départ de ceux-ci. Pour les habitant.e.s kurdes, arabes, arménien.ne.s, assyrien.ne.s, chaldéen.ne.s, turkmènes et autres des zones sous contrôle de l’AANES, une invasion turque sera synonyme d’un massacre. Nous l’avons vu à Afrin, où les groupes pro-turcs ont organisé le pillage de la région, où les kidnappings crapuleux, les viols et les meurtres sont quotidiens.
Nous ne pouvons rester immobiles face à ces menaces. L’Union Syndicale Solidaires appelle donc chacun.e.s à participer aux rassemblements qui seront organisés partout en France pour élever nos voix contre l’invasion du Rojava par la Turquie. Nous demandons au gouvernement français d’intervenir diplomatiquement et de tout mettre en oeuvre pour éviter le massacre qui s’annonce. Notamment, nous demandons à ce que soit mis un terme à tous les contrats avec la Turquie pour faire pression sur son gouvernement.