Le 9 octobre 2020, a été conclu un accord pernicieux entre le gouvernement central de Bagdad et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) dominé par le Clan Barzani, concernant la région yézidie de Shengal.
Dans le cadre de cet accord, négocié sous l’égide de la Turquie et des Etats-Unis, et sans aucune consultation des représentants de la communauté kurde yézidie, 8 000 soldats des unités spéciales irakiennes ont été déployés à Shengal le 24 novembre 2020, prétendument pour défendre la région.
Lors de l’invasion de Shengal par Daesh le 3 août 2014, les peshmergas du clan Barzani présents dans la région n’ont guère opposé de résistance ; ils se sont retirés de la région avec toutes leurs armes, laissant près de 1 million de personnes sans défense face à l’une des organisations les plus barbares qu’ait jamais connu le monde.
C’est suite à cette trahison, comme la nomment les Yézidis, que plus de 5 000 femmes yézidies ont été converties de force à l’islam et réduites à l’état d’esclaves sexuelles. C’est du fait de cette trahison que des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants ont été cruellement exécutés. C’est ainsi que des centaines de milliers de Yézidis ont vécu la pire tragédie de leur histoire.
Face à ce drame humain, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) est intervenu le 5 août 2014, en déployant une force militaire importante dans la région, afin de protéger la communauté kurde yézidie. C’est ainsi que le pire du pire a été évité.
Depuis, conformément à la législation irakienne, les Yézidis de Shengal ont mis en place une administration autonome et une force armée d’auto-défense pour défendre la région contre toute nouvelle tentative de génocide.
Suite à différentes rencontres et ententes entre les États-Unis, la Turquie, le PDK et le gouvernement irakien, a été conclu l’accord nocif du 9 octobre 2020 qui nie les instances représentatives de la communauté yézidie et planifie leur destruction.
Les évolutions à Shengal ne sont pas indépendantes des attaques répétées des forces d’occupation turques sur Aïn Issa, au nord de la Syrie, ni des agressions militaires menées par l’armée turque au Sud-Kurdistan (nord de l’Irak), avec la coopération étroite du clan Barzani.
Depuis le 25 octobre, le clan Barzani, agissant sous les instructions de la Turquie, déploie d’importantes milices armées – à distinguer des peshmergas – dans les régions contrôlées par le PKK, au Sud-Kurdistan.
L’attitude provocatrice du clan Barzani et sa coopération étroite avec le régime islamo-fasciste d’Erdogan ne contribuent nullement aux intérêts du peuple kurde. Au contraire, cette politique de tension suscite des protestations de plus en plus nombreuses au sein de la population, des partis politiques et de la société civile kurdes qui s’insurgent contre l’expansion militaire turque au Sud-Kurdistan.
Nous appelons la Présidence de la République française, déjà activement impliquée dans la protection des Yézidis, à agir en faveur de la reconnaissance d’un statut autonome pour la région de Shengal. Ce serait le seul moyen de prévenir un nouveau massacre à l’encontre de cette minorité religieuse ravagée par les crimes atroces de Daesh.
Nous appelons les Partis politiques, les organisations de la société civile et toutes les personnes attachées à la paix, la liberté et la démocratie à se mobiliser pour protester contre cet accord qui méprise la volonté des peuples.