Appel à manifester samedi 13 février, 13h
Place de la République – Châtelet
Le 15 février prochain marquera 22 ans de captivité et d’isolement pour le leader du mouvement de libération kurde Abdullah Öcalan, détenu par le régime turc sur l’île-prison d’Imrali. Au cours des 10 dernières années, M. Öcalan n’a été autorisé à recevoir que quelques visites de sa famille et de ses avocats. Par cette pratique qui touche aussi les quelque 10.000 prisonniers politiques croupissant dans les geôles turques, la Turquie viole, impunément, les conventions internationales et européennes des droits humains. Malgré plusieurs rapports du Comité pour la Prévention de la Torture du Conseil de l’Europe (CPT) qui dénonce ces conditions de détention et appelle les autorités turques à mettre fin à l’isolement du dirigeant kurde et de ses trois codétenus, cette pratique carcérale intolérable n’a pas changé d’un pouce.
Au contraire, encouragé par le silence, ou plutôt la complaisance de l’Europe, le régime turc amplifie la répression à l’encontre des Kurdes. En mars 2015, la logique guerrière du président turc Erdogan l’a amené à rompre brutalement les pourparlers engagés fin 2012 avec Öcalan et le mouvement kurde, anéantissant les espoirs de paix que le processus avait fait naître. Le régime d’Erdogan s’est ensuite lancé dans un cycle de répression et de guerre inouï. D’une main, il a étouffé l’opposition kurde incarnée par le Parti démocratique des Peuples (HDP), jetant en prison la majeure partie de ses dirigeants et membres, et de l’autre, il a lancé son armée, l’une des plus puissantes de l’OTAN, contre des villes kurdes sans défense, rasant des quartiers entiers et massacrant des centaines de personnes.
La guerre antikurde de la Turquie ne s’arrête pas à ses frontières. Avide de conquêtes, le régime du sultan Erdogan, soutenu par une armée de mercenaires djihadistes, a envahi, saccagé et occupé une partie du Rojava (nord de la Syrie), massacrant des milliers de civils et se livrant à une véritable campagne de nettoyage ethnique, à Afrin, Serêkaniyê, Girê Spî. Les campagnes militaires de la Turquie font également rage au Sud-Kurdistan (nord de l’Irak) où, sous prétexte de « lutter contre le PKK », l’armée turque mène des bombardements quotidiens qui n’épargnent pas les civils.
La Turquie doit cependant reconnaître que la question kurde ne peut être résolue par la guerre. Il est urgent que le gouvernement turc reprenne les négociations pour arrêter l’effusion de sang. L’action d’Abdullah Öcalan au cours des dernières années a démontré son rôle de conciliateur entre Turcs et Kurdes, un rôle indispensable à une paix durable et légitime. La libération du représentant kurde serait une contribution essentielle à la résolution du conflit. Poursuivre le régime d’isolement imposé à Öcalan revient à se fourvoyer dans le traitement militaire de la question kurde.
Par ailleurs, force est de reconnaître que la philosophie politique développée par Öcalan a directement inspiré le système démocratique alternatif mis en place au Rojava. Basé sur la démocratie directe, l’égalité des sexes, le pluralisme et la coexistence entre les différents groupes ethniques et religieux, ce système représente un modèle pour l’ensemble du Moyen-Orient.
La paix est la seule solution et Öcalan est essentiel à ce processus.
Pour que des négociations substantielles puissent commencer, Öcalan doit être libéré !
Comme le disait Nelson Mandela, « Seuls les hommes libres peuvent négocier ».